Résister à l'endoctrinement religieux

LE LIVRE

Marcel Délèze

Résister à l’endoctrinement religieux - Essai

À la recherche d'un éditeur

Pour parvenir à une certaine lucidité, il faut s’autoriser à libérer l’esprit critique de l’étouffoir religieux.

PRÉFACE

À tout propos, on entend que la religion est une affaire personnelle qui se traite en conscience. Fort bien, mais cela ne correspond pas vraiment à la situation actuelle, et pas du tout à ce que j’ai vécu.

Durant des décennies, dans des cantons catholiques romands, j’ai subi des interventions massives de l’État en matière religieuse. D’abord, cinq ans d’école primaire où l’on devait réciter le catéchisme tous les jours et aller à la messe en colonne par deux, puis trois ans d’école secondaire avec cours de religion obligatoires. Puis, parce que j’ai voulu devenir instituteur, on m’a imposé cinq années supplémentaires de lavage de cerveau dans un internat tenu par une congrégation religieuse. Il était exigé que je sois catholique engagé et catéchiste scolaire.

Mon sentiment est que la religion était, et est encore dans une mesure certes réduite mais encore présente, une affaire d’État contre laquelle je me sens en conscience obligé de résister.

1. RÉSISTER AU CONTRÔLE SOCIAL EXERCÉ PAR L'ÉGLISE

L'Église en quête de pouvoir à travers l'État et la famille

Par analogie avec la biologie et l'écologie, c'est la diversité culturelle, religions incluses, qui offre les meilleures opportunités d'adaptation et d'évolution des civilisations. Le développement a besoin de liberté et profite de la pluralité des croyances. Ce n'est pas la diversité religieuse qui est source de tensions, mais l'intolérance. Actuellement, l'Occident est mieux caractérisé par la démocratie que par le christianisme.

Il est dangereux de laisser libre cours à une idéologie religieuse déterminée sans lui opposer les contre-pouvoirs de la pluralité et de la liberté. Il faut fuir les organisations qui œuvrent à établir une société idéologiquement homogène. Pour s'en prémunir, il faut informer les nouvelles générations du poids de la religion en Occident au XXe siècle et au XXIe encore.

Notre vie est trop précieuse pour que nous en déléguions la conduite à une autorité religieuse. Pour gagner notre autonomie intellectuelle, philosophique et morale, il faut faire le ménage dans la propagande religieuse.

L'exemple du catholicisme développé ici pourrait être adapté, dans une large mesure, à n'importe quelle autre religion.

2. RÉSISTER À LA FOI RELIGIEUSE

Pour le bonheur de ceux qui croient aux purs esprits, tout ce qui est invérifiable est compatible avec la raison.

Beaucoup se jugent peu endoctrinés car, la pression sociale ayant faibli, ils ne se sentent pas contraints. Ils perçoivent cependant la vie à travers des mythes tels que le Paradis et l'Enfer, le péché originel, l'existence d'un Sauveur, le Jugement dernier, etc. C'est précisément la définition d’« être endoctriné ». Avant de nous plaindre que les autres sont trop endoctrinés, il serait bon de jeter un regard introspectif sur l'endoctrinement dont nous a imbibé notre culture.

Plutôt que d'adhérer, au hasard de la naissance, à un volumineux catalogue de croyances traditionnelles, la raison, selon le principe de parcimonie, nous demande de n'adopter qu'un ensemble minimal de règles nécessaires.

Dans la pensée religieuse, les rites ont des effets magiques. Mais, pour échapper à la critique, il est prudent de situer les manifestations surnaturelles dans un au-delà qui est aussi au-delà des vérifications possibles. Ainsi en va-t-il des sacrements, en particulier de l'eucharistie.

De toute évidence, que Jésus Christ soit une personne divine est un mythe, certes fonctionnel puisqu'il conduit à la soumission et à l'obéissance. Y voir Dieu en personne est une révélation : celle de l'endoctrinement subi. Mesuré à l'aune de la raison, l'enseignement chrétien est aussi extravagant que celui d'un brahmane qui énumère les épithètes de Shiva.

« Croyez-vous en Dieu ? » n’est pas l’interrogation la plus fondamentale. D’abord, elle n'est pas première, car, si notre mort est définitive, son intérêt est limité. Ensuite, en admettant une forme survie de l'âme, un Dieu qui ne nous jugerait pas et ne distribuerait ni récompense, ni punition, ne serait pas préoccupant.

La foi se construit sur la croyance qu’un « Juge suprême » soupèse nos actions, nous récompense ou nous punit. Sur terre, un père qui dirait « Si tu es sage, je te prendrais dans mes bras et t’aimerais toujours ; par contre, si tu désobéis, je te rejette et tu iras habiter chez le méchant ogre qui fait souffrir » serait qualifié d’indigne. En transformant un conte de ce genre en décret divin, les religions s’adonnent au chantage moral. Celui qui se croit immortel vit entre l’inquiétude du Jugement et l’espoir d’une rétribution. « L'amour de Dieu » est une formule qui exprime l'espoir de la clémence du Jugement, mais l’Enfer reste une issue possible et angoissante.

La religion dramatise puissamment la vie et la mort, mais le Dieu de la carotte et du bâton heurte le bon sens.

L’interrogation fondamentale est donc « Suis-je immortel ? ». À l’aune des connaissances établies, la réponse est clairement non, car la mort de tout être vivant est totale et définitive. Dès lors, avec ou sans foi en Dieu, la menace du Jugement s’évanouit.

3. SE DÉTACHER DE LA RELIGION

La religion émerge des champs émotionnel et social

À propos du désendoctrinement, il faut nettement distinguer, d'une part se désendoctriner soi-même, ou une tierce personne qui désire se désendoctriner. C'est ce à quoi ce livre s'attache en développant un cheminement possible de type déconstruction / reconstruction. D'autre part, désendoctriner quelqu'un, sans que cette personne souhaite affaiblir son arrimage à sa religion. Ce thème n'est pas traité ici. Afin de conduire le dialogue avec une chance de succès, renseignez-vous sur la méthode « street epistemology ».

ÉPILOGUE

On ne peut pas établir la vérité, mais on peut écarter l'erreur, ce qui permet de cerner le domaine de recherche. Pour répondre au besoin de cohérence, chassons les contradictions et rejetons les fictions religieuses qui carburent aux écrits tombés du ciel. Retournons à l'école du bon sens et ramenons les deux pieds sur la terre. L'exercice de la libre pensée, en particulier l'opposition à tout dogme, exige que l'on accepte une grande diversité dans les manières d'envisager l'existence. Plus fondamentalement, aspirons à l'indifférence religieuse. Puisque cet idéal peut se situer hors d'atteinte pour les personnes sous emprise, soutenons solidairement toutes les attitudes qui encouragent la résistance à l'endoctrinement religieux.

Au lieu de geindre en prétendant que nous vivons dans une société sans valeurs et de mettre nos espoirs dans un autre monde, donnons du sens à l'univers dans lequel nous vivons. Réservons notre engagement à ce qui est universel, à l'écart des chapelles. Nous voulons nous caractériser par des valeurs plus ouvertes et d'une portée plus générale que le culte de la crédulité dans un cadre communautariste.

Au lieu de parier sur Dieu, parions sur l'homme. Retournons aux fondements de notre culture occidentale : l'humanisme hérité du siècle des Lumières, avec les droits humains, la démocratie, la laïcité, la recherche du bien commun et la primauté de la raison sur la foi. L'infini existe dans ce qu'il nous est possible de construire, de créer ou d'aimer.

Fondons l'enseignement, non sur l'autorité fût-elle d'Église, mais sur le développement de la raison, du sens critique, de l'indépendance d'esprit et de l'autonomie intellectuelle, dans un cadre laïque.

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IMPÔT ECCLÉSIASTIQUE

L'impôt ecclésiastique est un reliquat du cléricalisme. L'État n'a pas à se mêler de la vie religieuse des citoyens en organisant les quêtes de l'Église.

Dans les cantons de Fribourg, du Jura et de Berne, on peut, en quittant l'Église, être exempté de l'impôt ecclésiastique. Dans les cantons du Valais et de Vaud, on peut, après être sorti de l'Église, demander le remboursement de la part paroissiale de l'impôt.

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