Dieu est-il bon?
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Pour répondre à l’affirmation des croyants «Dieu est bon», j’ai écrit une suite de trois articles dont voici le premier. La nature divineEntre le Dieu des chrétiens, l'Être suprême des philosophes et l'être mythologique fictif, il y a de la place pour une infinité de représentations possibles. Réduire Dieu à une alternative – existence ou non existence – est une simplification abusive destinée à cacher la question sous-jacente de la nature divine. Cependant, avant de donner un visage à Dieu, il est impossible d'ignorer l'existence du malheur et du mal, sans quoi on tomberait dans une escroquerie intellectuelle. Malheurs, souffrances, arbitraire, imperfections et fêluresPourquoi Dieu crée-t-il des handicapés de naissance ? Pourquoi Dieu a-t-il créé les maladies ? Pourquoi Dieu laisse-t-il la souffrance se développer au-delà de l'utilité biologique ? Pourquoi certaines personnes sont-elles condamnées au malheur durant toute leur vie ? Pourquoi Dieu a-t-il créé les catastrophes naturelles ? Pourquoi Dieu a-t-il créé la dépendance à la drogue ? Pourquoi Dieu soumet-il à la tentation de la drogue certaines personnes plus que d'autres ? Bref, l'existence d'un Dieu unique prouve que le Bien engendre le Mal, mais il est difficile d'accepter que les malheurs, les imperfections et l'arbitraire découlent d'une volonté divine délibérée. À quelle image de Dieu accorder sa confiance ?L'homme répugne à considérer de la malveillance dans Dieu et ses œuvres. Les croyants envisagent prioritairement un Dieu d'amour. Cependant, il faut bien tenir compte de l'existence du mal, du malheur et de la souffrance, et, si on tient à la toute puissance divine, on ne peut éviter d'adjoindre, en guise de bémol, l'un au moins des correctifs suivants :
D'une part, la liste n'est pas exhaustive. D'autre part, étant donné que ces différents visages de Dieu ne sont pas tous incompatibles entre eux, il est possible de cumuler plusieurs explications. On se rend compte qu'il ne s'agit pas simplement de savoir si un Créateur existe, mais de comprendre ce qui se cache derrière le vocable « Dieu ». Pour faire son choix, l'être humain ne peut qu'analyser la cohérence du discours et son adéquation au réel. Puisque nul ne peut se prononcer sur la nature divine, l'homme raisonnable et prudent devrait pour le moins réserver son engagement et se déclarer agnostique. Le mal est-il un sous-produit de la liberté ?Selon un point de vue plus personnel, seule la dernière explication [le Dieu mythique] tient la route, car les autres cadrent mal avec notre besoin de justice. Au jeu de la vie, j'ai eu beaucoup de chance d'être né en Europe et en bonne santé. D'autres, moins chanceux, sont nés handicapés et invalides dans un bidonville du Bangladesh. Comment peut-on se satisfaire de l'explication chrétienne selon laquelle le mal est un sous-produit de la liberté ?
Il ne s'agit pas de mettre Dieu en accusation, mais de tester la cohérence ou l'incohérence de l'enseignement des Églises afin d'estimer le degré de confiance qu'on peut accorder aux religions chrétiennes. Une lacune des monothéismes est de faire de Dieu le créateur du pire comme du meilleur. Comment concilier la croyance en un Dieu infiniment bon et les horreurs qui ne proviennent pas de l'homme ? Les catastrophes naturelles sont-elles des châtiments divins ? Les victimes ont-elles été informées des motifs de leur disgrâce ? Sans l'imperfection, la perfection est incomplèteDieu ressentit l'insuffisance de sa perfection. Pour rompre son ennui, il décida de créer un monde imparfait. Le résultat fut à la hauteur du Tout-Puissant. Depuis lors, chaque jour vient apporter son lot de surprises et d'étonnements dont le récit peut se faire à la manière du téléjournal quotidien : une guerre par ci, un tremblement de terre par là, un attentat, une épidémie, et ainsi de suite. Ainsi, Dieu a surmonté l'insatisfaction de sa perfection et ne s'ennuie plus ... à moins que le récit précédent soit d'une absurdité telle que la seule voie de sortie est d'admettre qu'un tel Dieu ne peut pas exister. À suivre dans les prochains numéros «Dieu est-il bon avec les vivants», «Dieu sera-t-il bon avec les morts ?». |
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