Tout phénomène inexpliqué n'est pas forcément surnaturel

Texte paru dans le Courrier des lecteurs du quotidien suisse romand La Liberté

Samedi, le 6 juillet 2022

Tout phénomène inexpliqué n'est pas forcément surnaturel

L’abbé François-Xavier Amherdt revient sur le livre Dieu, la science, les preuves (23 juin) pour tenter de nous convaincre de la convergence entre science et foi, ce qui me laisse sceptique.

Avant Pasteur, le renouvellement incessant des animalcules était expliqué par la génération spontanée. Par exemple, les asticots apparaissant spontanément dans la viande, on y voyait une foultitude de créations divines. Ce sont aujourd'hui des phénomènes naturels. Les épidémies - peste, choléra, lèpre, syphilis, etc. - ont changé de nature: autrefois fléaux divins imparables, elles sont devenues des infections bactériennes à combattre, souvent avec succès.

Beaucoup d’autres exemples de ce type pourraient être cités, comme la théorie de l’évolution où des phénomènes naturels viennent remplacer les actes du Créateur. Depuis plusieurs siècles, la science progresse et le surnaturel a tendance à disparaître.

Aujourd’hui, certains croyants se sont fixé l’objectif de résister à cette évolution inexorable et de réintroduire le surnaturel. Cette entreprise, motivée par la défense de la foi, les amène à chercher toujours plus loin des exemples inexpliqués de plus en plus tarabiscotés, comme «le réglage fin de la constante de gravitation». Les auteurs s’épuisent à argumenter sur 600 pages dans la parfaite inconscience de l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent d’atteindre leur objectif, car un phénomène inexpliqué n’est pas nécessairement surnaturel.

La science et la foi ne sont perçues comme convergentes que par ceux qui font une lecture partisane de l’histoire des sciences.

MARCEL DÉLÈZE,
MARSENS

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