1. Objection à propos de la miseExtrait du livre : Marcel Délèze
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La mise du pari de PascalDans le pari, Pascal nous suggère que la mise est nulle. Voudrait-il ainsi signifier que croire n'engage à rien ? La mise est notre vie, notre conscience, notre liberté ; elle nous est infiniment précieuse ; nous ne voulons pas la jouer aux dés. Dans la plupart des religions, le clergé joue un rôle de facilitateur dans les relations entre les fidèles et Dieu, une sorte de « coaching religieux », jugé utile mais auxiliaire. De ce point de vue, le catholicisme est une religion singulière : d'une part, le clergé exerce un rôle nécessaire et incontournable à travers les sacrements ; d'autre part, le Magistère de l'Église exerce l'Autorité suprême sur les consciences personnelles. La relation avec Dieu passe par la médiation du clergé qui y introduit ses exigences propres auxquelles le fidèle est tenu de se plier. «Le pontife romain et les évêques en "docteurs authentiques, pourvus de l’autorité du Christ, prêchent au peuple à eux confié la foi qui doit être crue et appliquée dans les moeurs" (LG 25). Le magistère ordinaire et universel du Pape et des évêques en communion avec lui enseigne aux fidèles la vérité à croire, la charité à pratiquer, la béatitude à espérer. Le degré suprême dans la participation à l’autorité du Christ est assuré par le charisme de l’infaillibilité. [... Les fidèles] ont le devoir d’observer les constitutions et les décrets portés par l’autorité légitime de l’Église. Même si elles sont disciplinaires, ces déterminations requièrent la docilité dans la charité. [...] En même temps, la conscience de chacun, dans son jugement moral sur ses actes personnels, doit éviter de s’enfermer dans une considération individuelle. De son mieux elle doit s’ouvrir à la considération du bien de tous, tel qu’il s’exprime dans la loi morale, naturelle et révélée, et conséquemment dans la loi de l’Église et dans l’enseignement autorisé du Magistère sur les questions morales. Il ne convient pas d’opposer la conscience personnelle et la raison à la loi morale ou au Magistère de l’Église. » Méfions-nous d'une religion qui sanctifie l'obéissance : croire nous rendra captifs. Il est inacceptable de devoir aligner les opinions sur toutes les prises de position du Magistère de l'Église et de renoncer au principe de libre examen. Alors que même les prisonniers conservent leur liberté de pensée, les catholiques consciencieux en sont privés. Avec l'obéissance, le fonds doctrinal à reprendre est excessivement lourd. Nous pouvons légitimement refuser de nous soumettre à un endoctrinement religieux, de nous enchaîner aux préceptes, de pratiquer les rituels, de dire les prières, de nous laisser guider par le clergé, d'endosser un prêt-à-penser, et d'être constamment poursuivi par d'entêtantes préoccupations. Bref, nous n'avons pas tous la vocation de nous comporter en moutons sous la houlette de bons pasteurs. Pour être sauvé, croire en Dieu ne suffit pas. Dieu vomit les tièdes. Un engagement docile et total est exigé. En particulier, les personnes suivantes sont en situation irrégulière et ont du souci à se faire pour leur salut éternel :
On comprend pourquoi « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » [Mt 22 14]. Celui qui affirme que, dans le pari de Pascal, la mise est nulle – c'est l'interprétation de l'Église – mériterait que son nez s'allonge comme celui de Pinocchio. Pour pallier les contraintes, beaucoup de contemporains ont choisi d'être croyants, mais de garder leur liberté par rapport aux dogmes et leur indépendance par rapport au clergé. Cet état d'affranchissement partiel ne suffit généralement pas à les délivrer du sentiment de culpabilité de vivre dans la désobéissance. Ils dépensent beaucoup d'énergie à se persuader qu'ils pourront quand même obtenir le salut éternel. Quelle grandeur faut-il optimiser ?
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