L’humanité en spectacle

Un jour, il y a très longtemps, Dieu rêvassait. «Mon Dieu que je m’ennuie !» se disait-il. Quelle en était la cause ? Quand tout est parfait, que tout se déroule sans heurt et sans surprise, il ne se passe rien d’intéressant, rien de captivant. Il ne subsiste que l’ennui.

«J’ai une idée pour me sortir de là» se dit-il. «Je vais créer une humanité, mais je ne la veux pas parfaite - quelle horreur ! -. Je souhaite une humanité ambivalente, capable du meilleur comme du pire. Je vais la faire pleine de contrastes, avec de l’amour, de la générosité et de la joie, mais aussi de la haine, de la cruauté et de la souffrance. Je vais la plonger dans un contexte stimulant, avec des terres fertiles et des ressources naturelles, mais aussi des catastrophes comme des tremblements de terre, des tsunamis et des maladies. Bref, l’imperfection est nécessaire à l’expression de ma toute puissance.»

Ainsi fut fait. Depuis lors, l’humanité évolue sur ce qui est, à notre connaissance, la plus grande scène de divertissement, sous l’œil attentif du spectateur divin.

Dans le cas très invraisemblable où un tel Dieu existerait, espérons au moins qu’il s’amuse bien et qu'il soit aux anges ! En parlant des côtés tragiques de l'humanité, en sous-estimerions-nous le côté ludique ? Pourquoi les religions parviennent-elles à rendre crédible une situation aussi insensée ? Serait-ce une confusion entre le monde tel qu'il est et le monde tel qu'on souhaiterait qu'il soit ? Pourquoi tant de gens acceptent avec ferveur les absurdités véhiculées par les religions ?

À la fin du spectacle - pour nous, à notre mort - le croyant, plein d'espoir, tendra son chapeau pour recevoir le salaire de son travail d'acteur.

Le sage se rappelle que les acteurs ont été engagés de force et ont exercé leur activité sous la contrainte.

Pour accorder foi à l’existence de Dieu, il ne faut pas craindre les contradictions. Gardons notre esprit critique éveillé et ne prenons pas nos rêves pour des réalités.