La science n'est pas omnisciente

Texte paru dans le Courrier des lecteurs du quotidien suisse romand La Liberté

Samedi, le 4 juin 2022

La science n'est pas omnisciente

Les questions auxquelles la science est incapable de répondre sont autant de preuves de l’existence de Dieu. Telle est la thèse soutenue par le livre Dieu, la science, les preuves (LL du 28 mai). Sont cités en exemples l’apparition de la vie et le réglage fin de la valeur de la constante de gravitation. Des arguments recevables?

La science a toujours regorgé de questions sans réponse. Il y a 2500 ans, il était inconcevable que la foudre soit un phénomène naturel. Parce qu’on ne disposait d’aucune explication rationnelle, on y voyait du surnaturel. Était-ce là une preuve de l’existence du dieu grec Zeus?

La démarche fonde l’existence des dieux sur un vide, à savoir que science n’est pas omniscience. Les explications qui font appel à Dieu sont des expédients pour pallier notre ignorance. Moralité: il faut accepter de ne pas pouvoir répondre à tout.

Les auteurs extrapolent leur démarche jusqu’au catholicisme. Ils franchissent ainsi un fossé abrupt en passant du dieu créateur au Dieu des religions: celui qui scrute nos actions, les comptabilise, nous juge, nous récompense par le paradis ou nous punit par l’enfer.

J’y vois quelques problèmes, comme la grande diversité des religions ainsi que le chantage moral qui les accompagne. Les interrogations plus fondamentales, comme «suis-je immortel?» sont évitées. Nos lacunes sont incapables de prouver des croyances religieuses qui multiplient les hypothèses invérifiables.

Il apparaît clairement que l’argumentaire des auteurs est creux. Mais qu’importe: caresser les croyants dans le sens du surnaturel remplit les tiroirs-caisses.

MARCEL DÉLÈZE, MARSENS

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