Religions: Fribourg a choisi d'ouvrir la boîte de Pandore

La Liberté, titre
Quotidien suisse romand

Mercredi 24 juillet 2024, courrier des lecteurs

Dans le canton de Fribourg, trois communautés religieuses – catholique, protestante et juive – sont reconnues et bénéficient de privilèges: prélèvement de l’impôt ecclésiastique par l’Etat, accès aux aumôneries des écoles, hôpitaux et prisons, cours de religion confessionnelle à l’école obligatoire. Les personnes morales (commerces, entreprises, sociétés) sont assujetties à l’impôt, sans échappatoire.

Avec la loi révisée en mars et entrée en vigueur au début du mois, le canton reconnaît officiellement les mouvements religieux qui répondent à quelques conditions qui me semblent minimales. Ainsi, les privilèges de la reconnaissance seront accordés à terme à presque toutes les communautés religieuses. L’esprit du temps est que toutes les communautés religieuses doivent être reconnues pour les services qu’elles offrent. Mais ce discours est de façade à mon avis.

La vraie raison est autre: afin de conserver leurs privilèges, les catholiques préfèrent en concéder à d’autres. Il vaut mieux s’associer aux autres religions qu’aux non-croyants, car il y a moins à perdre. De plus, les «sans-confession» continuent d’apporter leur contribution au financement des privilèges communautaristes via l’impôt ecclésiastique sur les personnes morales.

D’après l’héritage des Lumières, l’Etat devrait renoncer à faire des distinctions selon l’appartenance confessionnelle, ne pas s’impliquer dans les affaires religieuses, supprimer les privilèges et adopter la laïcité comme Genève et Neuchâtel. Mais le parlement a choisi de sombrer dans le communautarisme religieux et d’ouvrir une boîte de Pandore. Le Royaume-Uni a fait plus fort en tolérant les tribunaux islamiques.

Marcel Délèze
Marsens

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