Petites réflexions d’un vieillard

Texte en ligne de Michel Bavaud

Il y a longtemps (probablement depuis toujours) qu’à l’intérieur de chaque religion, les croyants se bricolent un dieu à l’aune de leur convenance.

Ils sélectionnent les superstitions proposées par leurs rabbins, leurs prêtres, leurs ulémas et les vivent à températures variables: du fanatisme meurtrier à l’amour universel, de la foi solide comme le roc à la somnolence spirituelle, de l’exaltation mystique à la constipation intellectuelle, de l’intégrisme passéiste à l’utopie révolutionnaire, toutes les sauces se trouvent dans les recettes individuelles.

Prier et croire que c’est utile, c’est espérer qu’en enclenchant l’essuie-glace on supprimera l’averse.

J’aimerais bien que quelqu’un me dise quelle est la différence entre une morale “chrétienne” et une morale humaine . La proportion de braves gens est exactement la même entre agnostiques et croyants. De même pour les salopards. Il y a en outre tous les loups voraces déguisés en moutons bêlants.

Prêtre, évêque, pape sont des noms de fonction, ce ne sont pas des noms de nature, même s’ils babillent volontiers de surnaturel et s’habillent comme des pitres d’extra-terrestres. Henri Gillemin s’indignait en s’exclamant : “ces défilés dans les cérémonies vaticanes, ce carnaval de chapeaux pointus, ces parades burlesques considérées sans doute comme opportunes pour l’hypnose des simples, spectacles devant lesquels le chrétien sincère hésite entre la gêne, la tristesse, la colère et l’humour ?” (“L’affaire Jésus”. p. 127)

Notre terre tue par ses tremblements, ses volcans, ses tornades, ses inondations et ses sécheresses. Les animaux tuent, du plus petit microbe à la plus grande baleine. Toute survie de l’un exige l’assassinat d’un autre, y compris pour l’homme, roi des animaux. Quand le prétendu créateur s’est émerveillé de son oeuvre en décrétant que tout cela était bon, et même très bon, j’ai comme l’impression qu’il était trop optimiste. Il n’a vu que la beauté sur la terre et a oublié son insoutenable cruauté. Il aurait dû s’apercevoir que sa création était à moitié ratée.

Proclamer à la messe : “Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire” et manger au dîner un “très bon” bifteck me rend perplexe depuis longtemps.

Conclave

Si au moins, au conclave, dans les élections des papes, on tirait au sort, on laisserait ainsi une petite chance au saint-esprit d’avoir peut-être son mot à dire. Ce mensonge perpétuel que les crédules avalent avec toutes les autres invraisemblances mérite le premier prix dans le Livre des records de la Sainte Ignorance.

Les intrigues, les conciliabules, les combinazioni sont communes à toutes les politicailles surtout en périodes d’élections. Maquiller ces magouilles en une assistance surnaturelle et superstitieuse est un mensonge séculaire. Les ingérences des empereurs anciens dans les nominations papales, ont-elles encore quelques ramifications souterraines par nonces et présidents d’Etats interposés ? Aux époques où ils étaient évêques, cardinaux ou papes d’oncle à neveu ou de père en fils, l’assistance du saint-esprit avait exactement la même immoralité des protagonistes.

Mais un mensonge de plus ne fait pas peur à ceux qui se réclament assistés du Très-Haut inaccessible. Ils sont tellement sûrs que leurs fidèles crédules goberont n’importe quelle ineptie.

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A Fribourg, à Sion et dans toutes les villes catholiques. il y a presque autant de restaurants et de bistrots où l’on peut nourrir son corps et se griser d’excellents spiritueux que d’églises et de chapelles où l’on peut sustenter son âme et s’enivrer de pieuses spiritualités.

Les contes cruels ou joyeux ne font que se répéter.... On peut trouver dans le sommeil ou la mort provisoire des “Blanche-Neige”, des “Princesses au bois dormant” ressuscitées ou réveillées par des princes “charmants” (c’est-à-dire “magiciens”), le même mythe d’un messie arrivé de nulle part pour sauver l’humanité.

Je propose de comparer :

  • Barbe-Bleue : Je te remets toutes les clés du château et tu peux ouvrir toutes les portes, sauf celle-ci. Si tu désobéis, c’est la mort.
  • Yahvé : Je te donne tous les arbres de l’Eden et tu peux en goûter tous les fruits, sauf celuici. Si tu désobéis c’est la mort.

Paul aussi catégorique que d’habitude assène : ”Le chef de tout homme, c’est le Christ, le chef de la femme, c’est l’homme, et le chef du Christ, c’est Dieu”. Et le roi des imbéciles, ne serait-ce pas Saül-Paul qui semble ne pas savoir encore que le Christ est aussi Dieu ? Car la dernière déclaration que je relis dans I Cor. 11, 3 mériterait le bûcher de l’Inquisition.

Il y a des doutes fécondants. Bien sûr les esprits figés par l’habitude, gelés par la coutume, fossilisés par l’obéissance, fixés au garde-à-vous impeccable d’un troupeau de petits soldats ne peuvent accepter le long et difficile mûrissement d’une réflexion personnelle.

L’Eglise catholique reconnaît que ce sont les fiancés qui se donnent le sacrement du mariage qui les unit mari et femme. La pseudo-justification de l'indissolubilité par “Ce que Dieu a uni...” Mc 10,1-12 est pour le moins discutable. Ce que des personnes libres ont décidé ensemble peut être l’objet d’une autre décision commune.

Pour que le Saint-Esprit puisse engrosser Marie, est-ce un blasphème que de supposer qu’Il avait au minimum un spermatozoïde ? Jésus le Nazaréen : vrai dieu et vrai homme ou mi-dieu et mi-homme, comme tous les héros des mythologies gréco-latines ?

Bien sûr, il vaut mieux discuter et disputer aimablement à coups de sacrés textes de bons dieux, que de s’agresser à coups de poings ou de s’étriper à coups d’épée, ou de se prétendre martyr en tuant la foule au cri que Dieu est grand. mais il serait infiniment mieux de renoncer à faire partager nos lubies aux autres.

Un vieil homme consterné qui, découvrant que sa fiancée est enceinte des oeuvres d’un inconnu, décide de la renvoyer. Mais pour sauver l’honneur d’une jeune fiancée enceinte «miraculeusement», il accepte, après hésitation, de l’épouser. Ce chaste époux, rassuré par un AVNI (Ange volant non identifié) apparu dans un rêve, accueille finalement l’enfant d’un autre. Voilà une situation qui permettrait certainement aux juristes ecclésiastiques catholiques de déclarer le mariage de Joseph et Marie nul et non avenu, surtout après la simplification de procédure canonique décrétée dernièrement par le pape.

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